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Le Prince travesti

 

Marivaux

 

Mise en scène Irène Bonnaud

 

Avec : Dan Artus, Marie Favre, Roland Sassi, Ismaël Ruggiero, Sophie-Aude Picon.

 

Scénographie Claire Le Gal – Costumes Nathalie Prats – Lumière Daniel Levy – Régie générale Christophe Boisson – Régie Lumière Victor Dos Santos – Son Jean-Marc Bezou – Maquillage et coiffures Catherine Saint-Sever – Assistant stagiaire à la mise en scène Maxime Contrepois - Photos © Vincent Arbelet.

 

Production déléguée : Théâtre Dijon-Bourgogne

"C'est cœur pour cœur, ce troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché."

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    "C'est cœur pour cœur, ce troc est sans reproche, et je trouve que vous avez fait là un fort bon marché."

  • 2

    "Je vais me résoudre à ce que je dois faire."

  • 3

    "Le brave conseiller que vous êtes !"

  • 4

    "Quel galimatias que l'honneur de ce pays-ci !"

  • 5

    "Mon bijou, j'ai fait une offense envers vos grâces."

  • 6

    "Il ne me voit pas. Voyons sa pensée."

  • 7

    "Cent mille écus ne seraient pas dignes de me payer ma peine."

  • 8

    "Madame, modérez l'intérêt que vous prenez à lui..."

  • 9

    "Il n'y aura donc que moi qui resterai un fripon, faut de savoir faire une harangue."

  • 10

    "Un misérable comme celui-là peut-il imaginer tant d'impostures ?"

Il y a quelques années, lisant les pièces de Marivaux, j’avais été frappée par l’étrangeté du Prince travesti, car la pièce semblait résumer l’œuvre entière tout en s’en échappant. On y trouve ce qu’on sait être la manière de Marivaux : la cruauté des rapports amoureux, l’humilitation de n’être pas aimé, le regard qui sait interrompre tout discours et provoquer comme une nouvelle naissance des personnages, la brutalité des inégalités sociales et la force de leur renversement momentané, etc.

On l’a souvent dit, Marivaux ne parle que d’amour et d’argent, mais ici, il ne reste pas seulement attaché à la sphère privée de la famille (les contrats de mariage et captations d’héritage des pièces les plus tardives) ni à celle, intime, des hiérachies amoureuses et sociales. Il leur juxtapose la sphère du pouvoir d’Etat : la nomination d’un chef de gouvernement, la guerre avec l’Etat voisin, la possible répression d’une révolte populaire sont les épisodes qui font du Prince travesti une pièce directement politique où l’enchevêtrement des histoires d’amour, des négociations internationales et des rapports de classes paraît plus inextricable que jamais.

Cette densité est d’autant plus forte que le monde décrit par Marivaux est le nôtre – au berceau. L’invention des billets de banque et de la spéculation financière, de la publicité et de la mode sont de ce premier tiers du dix-huitième siècle que Marivaux observait en journaliste autant qu’en dramaturge. Dans la pièce, toutes les relations humaines et tous les idéaux politiques sont gangrénées par la peur et la corruption car au palais de la Princesse de Barcelone, tout s’achète et tout se sait. L’alliage actuel entre libre circulation de l’argent et contrôle toujours accru des individus, ultra-libéralisme économique et obsession sécuritaire se distingue déjà à l’horizon du Prince travesti.

 

Joschka Schidlow, Le Prince travesti

Catherine Robert, Le meilleur du théâtre populaire

Frédéric

Madame, vous m'avez dit quelquefois que je présumais mal de Lélio

Voyez l'abus qu'il fait de votre estime

 

La princesse

Taisez-vous

Je n'ai que faire de vos réflexions

Pour toi, je vais t'apprendre à trahir ton maître

A te mêler de choses que tu ne devais pas entendre et à me compromettre dans l'impertinente répétition que tu en fais

Une étroite prison me répondra de ton silence

 

Arlequin

Ah ! ma bonne dame

Ayez pitié de moi

Arrachez-moi la langue

Mais laissez-moi la clef des champs

Miséricorde, ma reine !

Je ne suis qu'un butor

Et c'est ce misérable conseiller de malheur qui m'a brouillé avec votre charitable personne

 

La princesse

Comment cela ?

 

Frédéric

Madame

C'est un valet qui vous parle, et qui cherche à se sauver

Je ne sais ce qu'il veut dire

 

Hortense

Laissez, laissez-le parler, Monsieur

 

Arlequin

Allez, je vous ai bien dit que vous ne valiez rien

Et vous ne m'avez pas voulu croire

Je ne suis qu'un chétif valet

Et si pourtant, je voulais être homme de bien

Et lui, qui est riche et grand seigneur, il n'a jamais eu le cœur d'être honnête homme

 

Création le 28 février 2008 à la salle des fêtes Marcel Joyeux, Luzy (Nièvre)

 

Développé avec Berta